Après Loco Locass et Mes Aïeux, deux groupes aux créations de qualité avec des textes engagés, voici les Cowboys Fringants et leur nouvel album, La Grand-Messe.
Passant des mélodies entraînantes à des airs plus mélancoliques, mais toujours avec des textes d’une grande richesse. À une exception près composées par Jean-François Pauzé, les chansons abordent plusieurs thèmes gravitant autour d’une profonde critique de la société et du passage du temps.
Le groupe dénonce l’exploitation de la société capitaliste et le peu de respect qu’elle porte à l’environnement. Par exemple, dans 8 secondes, on s’attaque aux multinationales qui s’approprient l’eau : « Eau qui devient marchandise – Aqueducs qu’on privatise – Et gouvernements complices qui improvisent ». La pièce suivante présente le scénario apocalyptique où les humains ne se sont pas préoccupés de la pollution à temps. Accompagné d’un poignant tic-tac et d’un violon mélancolique, le dernier humain sur Terre dit « Adieu l’humanité… ».
Dans la décapante En attendant, les Cowboys dénoncent les mensonges et la corruption des politiciens, en ciblant particulièrement Charest et son équipe de ploucs qui détruisent notre héritage social. La formation crie non à l’exploitation, à la domination, à l’exclusion, au je m’en foutisme, au néo-libéralisme, à l’impérialisme et aux privatisations. Pour combattre ce fléau, il faut « Voir plus loin qu’l’horizon ! – Et se rassembler pour être forts. »
Les valeurs superficielles de notre société sont également assaillies : « Vous vous sentez inutiles ? – Consommez ! On a du stock – Pour combler l’trou de vos vies serviles ! ». Dans l’Épilogue, la formation s’en prend directement aux capitalistes et individus de droite en leur chantant doucement : « Car si tu penses un peu comme ça – Moi j’te dis que t’es dans l’champ mon gars – J’voudrais pas marcher – Dans tes souliers… ».
Face aux problèmes de la société, il y a urgence d’agir. Les membres du groupe passent le cap de la trentaine et conçoivent à quel point la vie est éphémère : « On s’dira que l’on était finalement – … que des étoiles filantes ». Les Cowboys incitent les jeunes à aller au bout de leurs rêves et à pleinement goûter à la vie. Sur une mélodie tsigane, ils livrent une poignante histoire. La Reine, une femme ayant fui la guerre et perdu sa famille, s’occupe des itinérants et junkies afin de « s’accrocher à la vie », « Au lieu d’vivre triste éternellement ».
Fidèles à eux-mêmes, le groupe nous livre encore de folles histoires. Leur ami Caza fait la fête tous les soirs et néglige sa santé : « Dans son corps y’a aucune vitamine ». La pièce est conclue par une longue finale symphonique composée par Dominique Lebeau, le boute-en-train du groupe. Dans Camping Ste-Germaine, chanson joviale qui turlute, Gina Pinard laisse son Jean-Pierre pour partir « Avec le gars pas d’dents – Qui avait les ch’veux grichous – Et un chandail de loup… ».
La qualité musicale confère de la profondeur aux textes. Les Cowboys réussissent à bien mélanger les instruments standards à des sons riches comme ceux de l’accordéon et du violon, habilement joués par la fille du groupe. Marie-Annick Lépine chante également sa composition, une douce berceuse mélancolique.
L’écoute du disque fait passer l’auditeur par une variété d’émotions intenses. La réflexion critique sur la société et la politique que proposent les Cowboys Fringants fait du bien, surtout dans une période où les bandits égocentriques qui nous gouvernent évacuent tout projet collectif de leur vision, se contentant de piller nos acquis sociaux.
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