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La petite fée des PPP
N° 235 - décembre 2004
Depuis des mois, l’UFP attend patiemment dans le vestibule, son chapeau à la main, que la promise se présente pour convoler en justes noces.
Qui a peur d’une victoire référendaire ?
Pierre Dubuc
SPQ Libre a pris l’initiative d’inviter Option citoyenne et l’Union des forces progressistes (UFP) à participer à une conférence de presse conjointe pour dénoncer le projet de loi 61 sur les partenariats privé-public et il est à espérer que les trois organisations puissent faire front commun, le plus souvent possible, pour défendre le Bien commun.

Bien entendu, cela ne gomme pas les divergences entre les trois groupes et la Rencontre nationale de la mi-novembre d’Option citoyenne commande une nouvelle évaluation de la situation.

Manifestement, Option citoyenne a trébuché sur la question nationale. Elle a payé le prix de l’ambiguïté de la position de Françoise David, exprimée dans le livre « Bien commun recherché, une option citoyenne ».

Au cours de cette Rencontre nationale, Mme David et le leadership d’Option citoyenne ont laissé croire un instant qu’ils s’apprêtaient à faire un pas en avant en proposant de trancher en faveur de la souveraineté, mais ils ont rapidement retraité devant l’opposition d’une partie significative des délégués et reporté d’un an une prise de position sur la question nationale.

Une semaine plus tard, Mme David effectuait un deuxième pas en arrière en déclarant à l’émission « Tout le monde en parle » qu’elle avait toujours en tête le projet de rénover la Confédération canadienne.

Dès la parution du projet politique d’Option citoyenne, au printemps dernier, nous avions qualifié l’organisation qui en naîtrait d’ADQ de gauche. Les récents développements nous donnent raison.

Maintenant qu’il est évident qu’Option citoyenne va s’engluer dans la question nationale, nos regards se tournent vers l’UFP qui, depuis des mois, attend patiemment dans le vestibule, son chapeau à la main, que la promise se présente pour convoler en justes noces.

Pour se préparer aux négociations en vue du mariage des deux organisations, l’UFP avait, lors de son Conseil de l’Union des 25 et 26 septembre dernier, remis à l’ordre du jour la question nationale dans son programme, la faisant passer de la 14e à la 2e place.

Que fera maintenant l’UFP ? Va-t-elle mettre en veilleuse la question nationale pour les besoins de l’unité avec Option citoyenne ? Ou bien l’UFP acceptera-t-elle d’être un courant politique (club politique ?) souverainiste à l’intérieur d’une organisation arc-en-ciel de gauche, dominée par les partisans d’Option citoyenne? Car il est probable que cette dernière, étant donné la notoriété médiatique de Mme David, aura tôt fait d’éclipser l’UFP en termes de membership.

Devant cette perspective, la gauche souverainiste devrait sérieusement considérer la voie nouvelle que vient d’ouvrir SPQ Libre au sein du Parti Québécois. Pour l’expliquer et apporter une réponse aux appréhensions légitimes de certains, nous allons répondre au texte de Paul Cliche, publié en page 8, qui les expriment bien.

La grande crainte de Cliche est que SPQ Libre soit avalé par le Parti Québécois et il cite le cas du chef du Parti Vert. En prenant cet exemple d’un individu isolé, Cliche résume le projet de SPQ Libre « à la carrière de quelques personnes ». Il n’en est rien. SPQ Libre est une organisation qui comptera bientôt 500 membres, qui a sa propre Déclaration de principes, ses propres statuts, son financement autonome.

Si nous ne connaissions pas le penchant de Paul Cliche pour la polémique, nous dirions que c’est pure malhonnêteté intellectuelle que de comparer, comme il le fait, SPQ Libre aux trois colombes Trudeau, Marchand et Pelletier. À plusieurs reprises, nous avons écrit que notre référence était ce courant de gauche au sein du Parti Québécois des années 1970 qui, avec les Robert Burns, Denis Lazure, Robert Bisaillon, Gilbert Paquette, Louise Harel, Lise Payette, nous ont donné les législations les plus progressistes de notre histoire, comme la loi anti-scab, la formule Rand dans le code du travail, la loi 101, la loi sur le financement des partis politiques, l’assurance-automobile, pour ne nommer que les plus importantes.

À cette époque, le Parti Québécois était une véritable coalition, dont le spectre couvrait un large éventail, des socio-démocrates aux créditistes, mais tous unis dans le même objectif : la réalisation de l’indépendance nationale. Le SPQ Libre veut reconstituer cette coalition, mais par la reconnaissance formelle de courants politiques dont les partisans se regroupent en clubs politiques autonomes.

Dans la proposition de modifications de ses statuts qu’il soumet au débat pour le congrès de juin 2005, l’exécutif du Parti Québécois fait sienne cette proposition de SPQ Libre. Les nouveaux statuts reconnaîtraient l’existence de clubs politiques autonomes, tout en leur assurant une représentation statutaire aux différentes instances du Parti (congrès, conseil national, conférence des présidents, commission politique). Une innovation révolutionnaire dans nos institutions politiques.

L’inspiration de cette réforme vient du Parti socialiste français qui fonctionne sur un mode de représentation proportionnelle qui permet l’expression de courants extrêmement diversifiés en son sein. Par exemple, le courant animé par Jean-Pierre Chevênement avait pu s’opposer à l’entente européenne de libre-échange de Maastricht en 1972, alors que le Parti socialiste y était favorable. De même, aujourd’hui, on voit cohabiter au sein du même Parti socialiste des courants favorables et défavorables au projet de constitution européenne.

Si les statuts du Parti socialiste français peuvent permettre la coexistence au sein d’une même organisation de courants aussi différents, une formule de même inspiration, mais adaptée à notre situation, devrait nous permettre de reconstituer au sein du Parti Québécois la grande coalition des souverainistes.

Initiateur du RAP, architecte de l’UFP, Paul Cliche a convaincu la gauche québécoise qu’aucune percée n’était possible sans une réforme du mode de scrutin et la représentation proportionnelle est devenue de facto l’article 1 du programme de l’UFP. Malheureusement, le Parti Québécois n’a pas répondu aux attentes et il en payé le prix électoral.

Mais Paul Cliche et d’autres ténors de l’UFP ne semblent pas avoir pris acte de la nouvelle donne politique. Obnubilés par le refus des dirigeants du Parti Québécois de procéder à une réforme du mode de scrutin, ils continuent à faire du PQ leur cible principale, un peu à la manière des anciens « m-l » maoïstes d’antan.

Pourtant, le tableau est clair. C’est le Parti libéral qui est au pouvoir et le prochain scrutin se déroulera selon le mode de scrutin actuel. Comment l’UFP envisage-t-elle sa participation à la prochaine campagne électorale ? Se situe-t-elle dans le camp de ceux qui veulent libérer le Québec des libéraux ? Ou s’apprête-t-elle à présenter des candidatures qui auront pour effet de diviser le vote de l’opposition, faciliter la réélection des libéraux et permettre à Charest de poursuivre son travail de destruction des acquis sociaux du Québec ?

Enfin, commentons brièvement les propos défaitistes stupéfiants de Paul Cliche sur les lendemains sombres d’un référendum victorieux. Nous avions ceux qui ne veulent pas de référendum de peur de le perdre. Maintenant nous avons ceux qui ont peur d’une victoire référendaire ! Des gens qui nous demandent d’attendre les « conditions gagnantes » de l’après-référendum que l’UFP et Option citoyenne seraient en train de nous préparer !

Que nous ayons à subir, au lendemain d’un référendum gagnant, les « assauts répétés des défenseurs du statu quo » et surtout des « médias et de leurs éditorialistes mercenaires », comme l’écrit Paul Cliche, ne sera une surprise pour personne.

C’est pour cela que SPQ Libre, s’inspirant des moyens déployés par le gouvernement Chavez pour remporter son référendum (voir « Le secret de la victoire d’Hugo Chavez », l’aut’journal, no 233, octobre 2004), propose la création d’une chaîne de radio nationale (Radio-Québec) et d’une chaîne nationale d’information continue (Télé-Québec).

C’est pour cela que SPQ Libre invite syndicalistes et progressistes à joindre, dès maintenant, ses rangs pour jeter les bases d’une organisation qui devrait étendre ses ramifications dans tous les milieux de travail. C’est pour cela qu’il faut entreprendre dès maintenant le combat politique pour se débarrasser du gouvernement Charest et préparer un référendum (et un après-référendum) gagnant.

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