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La petite fée des PPP
N° 235 - décembre 2004
Pour que Rouyn-Noranda ne s’empoisonne pas à l’arsenic
Toute la ville devrait porter un masque à l’année
Marc Laviolette
Le 11 novembre dernier, la population de Rouyn-Noranda était sous le choc. Un rapport du ministère de l’Environnement, du ministère de la Santé et des Services sociaux et de l’Institut national de santé publique révélait que, de 1991 à 2000, la concentration d’arsenic dans l’air ambiant avait augmenté de 635 %, passant de 164 mg/m3 à 1041 mg/m3. Fait à noter, les concentrations moyennes observées dans les villes québécoises sont de 1 à 2 mg/m3 (soit 520 fois moins).

Le rapport indique qu’au Québec, la fonderie de cuivre de la compagnie Noranda à Rouyn-Noranda (fonderie Horne) constitue la principale source d’émission d’arsenic. Elle émet 98,31 tonnes d’arsenic, soit près de 8,4 fois plus que la fonderie Gaspé à Murdochville, aujourd’hui fermée. Dans ses constats, le comité interministériel est clair : « Les concentrations observées à Rouyn-Noranda sont parmi les plus importantes rapportées dans la documentation sur le sujet pour ce type d’installation industrielle. »

Daniel Guimond, président du Syndicat des travailleurs de la mine Noranda (fonderie Horne) CSN, nous rappelle que l’arsenic est un produit cancérigène pour l’homme et que les deux stations de mesure sont situées en plein quartier résidentiel (quartier Notre-Dame), où il habite lui-même, et que les concentrations mesurées présentent l’exposition potentielle de la population.

« Dans la fonderie, nous portons des masques lorsque nous sommes exposés à 3 mg/m3 d’arsenic. Sur la rue, une station d’échantillonnage mesurait (en 2000) 1041 mg/m3. Faudrait que les citoyens portent des masques à l’année longue si la Horne ne corrige pas la situation. »

Dans le quartier Notre-Dame, les concentrations en 2002 étaient de 248 mg/m3. En plus d’être un quartier défavorisé qui y a goûté dans le passé (Noranda ayant dû refaire toutes les pelouses du quartier à cause de la contamination au plomb), cette portion de la ville comprend une école et une garderie. Les enfants sont donc exposés quotidiennement à ce poison.

« Avant-hier c’était le plomb, hier le bérylium, aujourd’hui l’arsenic, explique Daniel Guimond. Ce n’est pas pour rien que les hauts cadres qui viennent de l’extérieur, la première chose qu’ils enseignent à leurs enfants, c’est de ne pas manger la neige l’hiver. C’est poison à Rouyn-Noranda. »

Le groupe de travail interministériel propose d’exiger de Minéraux Noranda la diminution de ses émissions, de sorte que la concentration moyenne d’arsenic dans le quartier Notre-Dame soit ramenée sous une valeur moyenne de 10 mg/m3. De plus, Minéraux Noranda devra s’engager à présenter rapidement un plan d’intervention identifiant l’échéancier et les interventions qui devront être réalisées pour atteindre un objectif de 3 mg/m3 dans le quartier Notre-Dame.

Face à ces constats et recommandations, le syndicat a rencontré la haute direction de la Horne. Cette dernière a confirmé sa connaissance des faits et a indiqué qu’elle opérait son usine dans le respect des lois en vigueur…

Le rapport indiquant que les principales sources d’émission d’arsenic sont aux fours à anodes et que les émissions proviennent des évents de toit (qui affectent principalement le quartier Notre-Dame), la direction a confirmé qu’elle s’activait autour du projet de collecteur de poussières aux fours à anodes et évaluera les concentrations d’arsenic provenant des évents de toit. Cependant, Noranda trouve beaucoup trop sévère la norme de 3 mg/m3. Les discussions sont donc loin d’être terminées.

Pour Daniel Guimond, président du syndicat CSN à la Horne, l’issue des discussions entre la compagnie et le ministère de l’environnement dépendra de la mobilisation des citoyens du quartier Notre-Dame. La revendication en santé-sécurité d’installer des capteurs de poussières aux fours à anodes et aux évents de toits rejoint celle d’un environnement propre.

« Le syndicat veut de la transparence dans les discussions environnementales sur l’arsenic. Noranda doit investir dans une production propre en installant des capteurs de poussières et les chiens de garde de la santé publique doivent jouer leur rôle. »

Un nouveau chapitre s’ouvre donc dans la longue lutte des travailleurs et de la population de la Noranda pour leur survie.

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