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Le sous-commandant Parizos N° 200 - juin 2001 |
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Livre 0 Contes et comptes du prof Lauzon. Le néolibéralisme net, fret, sec.
Le Robin des comptes frappe dans le mille Jacques Larue-Langlois |
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« Si la croissance économique ne profite qu'aux nantis, pourquoi en ferait-on la priorité de l'ensemble de la société ? » La question est posée par Léo-Paul Lauzon à son ex-collègue prof à l'UQAM, Bernard Landry, et maintenant premier ministre du Québec, dans un livre récent regroupant ses chroniques parues dans différents médias communautaires au cours des quatre dernières années. Lauzon est un comptable passionné, ce qui est déjà très rare. Il s'est en outre engagé à faire mentir les chiffres produits par le milieu comptable, en démontrant que le système capitaliste n'est qu'une méthode d'écraser le petit monde au profit des quelques riches. Une de ses plus grandes qualités consiste à être en mesure de donner l'heure juste face aux statistiques officielles. Ainsi, alors que le patronat se plaint de payer 46,6 % d'impôt, Léo-Paul Lauzon démontre, chiffres formels à l'appui et hors de tout doute, qu'en 1999, par exemple, les institutions d'affaires canadiennes ont versé « un taux réel et véridique de 10,2 %, niveaux fédéral et provincial combinés ». Fustigeant autant le jovialisme de Bernard Landry que l'opportunisme de Jacques Parizeau, notre Robin des comptes n'hésite pas à démonter les fables du fisc québécois où on attaque vertement le travail au noir tout en permettant généreusement l'évasion fiscale. Il prend à parti la maladie du REER-santé, la privatisation qui guette nos entreprises d'État les plus prospères, l'appauvrissement de la majorité au profit d'une minorité de possesseurs, l'anti-syndicalisme flagrant de Pierre Bourgault et autres maladies dont souffre le néolibéralisme. L'écriture de Lauzon est simple et directe, comme l'homme. Elle dit clairement ce qu'elle doit dire. Pas de langue de bois ici. Que ceux dont les chastes oreilles ont pu s'offenser des jurons du compère Lauzon se rassurent, le livre en est (presque) totalement dépourvu. Reste que certaines violences doivent pouvoir s'exprimer face aux brimades répétées. Un livre, donc, que tous les citoyens de ce monde (et les damnés de la terre, en particulier) doivent garder sous la main afin de s'y plonger périodiquement, histoire d'y puiser le courage de mener le combat avec encore plus d'énergie. Contes et comptes du prof Lauzon. Le néolibéralisme net, fret, sec. Léo-Paul Lauzon, Lanctôt Éditeur, Montréal, mars 2001 |
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